Une peinture ou une calligraphie sans empreintes des sceaux est considérée comme une oeuvre incomplète, aussi la gravure des sceaux constitue-t-elle une des caractéristiques de la calligraphie et de la peinture chinoise.
La gravure des sceaux est un art qui existait déjà en Chine vers la fin de l’époque des Printemps et Automnes et sous les Royaumes combattants (441 - 221av.J.-C.). Les anciens écrivaient sur des lattes de bambou ou de bois qui parvenaient à leur destinataire après avoir été attachées avec une ficelle dont le noeud était scellé par un sceau appliqué sur de la boue.
A la fin de l’époque des Royaumes combattants, l’emploi du sceau se répandit de plus en plus, si bien qu’après l’unification de la Chine par le premier empereur des Qin en l’an 221av.J-C., un service fut établi pour le contrôle des sceaux.
Dés la dynastie des Song (960 - 1279), le sceau, qui jusque-là avait été utilisé simplement pour signer les lettres, fut apposé par les collectionneurs sur leurs peintures et calligraphies. Il servait également à signer les inscriptions figurant sur les peintures.
Tout en résidant dans la gravure des caractères, qui étaient d’abord tracés avant d’être gravés, l’art des sceaux combinait calligraphie et gravure. Avant la dynastie des Qin, les sceaux étaient coulés dans des moules. Ils n’étaient gravés au couteau que dans l’armée en cas d’urgence.
Etant donné qu’ils témoignaient du statut et du pouvoir de leur possesseur, les sceaux qui, au début, étaient de simples objets utilitaires, prirent au fur et à mesure une grande importance. Les nobles se montrèrent de plus en plus exigeants quant à la réalisation de leurs sceaux, et les ouvriers graveurs de l’antiquité affinèrent leur art. Les sceaux devinrent alors de véritables objets d’art aux aspects très variés.
Sur les sceaux antiques des Zhou(1100 - 71av.J.-C.), on peut trouver des caractères de Dazhuan, style utilisé communément pour les inscriptions sur bronze. Leurs structures variables évoquent la poésie et le mystère de la haute antiquité.
Sous la dynastie des Qin, l’écriture Dazhuan fut abandonnée, et remplacée par l’écriture Xiaozhuan, les traits purs et fluides rappellent le charme de l’encre et du pinceau. La plupart des sceaux étaient alors encadrés et leur surface divisée en quatre parties égales au moyen d’une croix tracée au centre .Cette division n’empêchait nullement les caractères composants de se faire écho, bien au contraire, et le jeu des lignes formait un tout à la fois très structuré et plein de grâce.
Après les Wei et les Jin (220 - 589), l’écriture Kaishu fut introduite dans la gravure des sceaux. Ce qui affecta largement leur esthétique par les traits rigoureux et réguliers. Avec la dynastie des Ming (1368 - 1644), cet art millénaire connut un important renouveau grâce à la pierre qui avait pris la place des matières précieuses et dures, tels que cuivre, argent, or, jade, ivoire, ambre, cristal etc.
Ce changement facilita énormément le travail. Dès lors, les graveurs, essentiellement des lettrés, se multiplièrent, et les belles traditions des Zhou, Qin, et Han furent remises en valeur, sous les dynasties des Ming et Qing.
Les sceaux apposés sur une peinture étaient, à l’origine, la signature de l’auteur. Puis, à mesure qu’évoluèrent les techniques de gravure, il devint partie intégrante de l’oeuvre. Les sceaux, leur composition, leur place dans une peinture, constituent un art en soi. Outre ceux qui indiquent le nom de l’artiste, il y en a de décoratifs. Tantôt ceux-ci sont utilisés pour ajouter quelque chose à la beauté formelle, tantôt ils recouvrent d’autres significations, mais les peintres y attachent toujours une très grande importance.