Médecine

La médecine et la pharmacologie traditionnelles chinoises, formées au cours de la longue vie productive et matérielle de l’homme, constituent une partie importante de notre patrimoine scientifique et culturel. Elles ont joué non seulement un rôle primordial dans le domaine médico-sanitaire du peule chinois, mais encore contribué à la médecine et à la pharmacologie du monde entier.

Les origines de la médecine et pharmacologie chinoises peuvent remonter jusqu’ à  la préhistoire. Dans une légende intitulée “Shen Nong goûta cent plantes" (consignée pour la première fois dans une oeuvre datant de plus de deux mille ans, le Livre du Prince Huainan), on a mentionné les premières expériences faites par cet homme primitif et semi mythique, qui, en tant que présumé initiateur, avaient contribué à la fondation de la médecine et de la pharmacologie chinoises tant au niveau théorique, que pratique.

Avant l’apparition de l’écriture, les connaissances médicales, comme beaucoup d’autres, n’étaient retenues que de mémoire. Les premiers caractères chinois, dont les études archéologiques ont confirmés une existence d’environ trois mille ans, sont des pictogrammes gravés sur des os d’animaux ou des écailles de tortues. On peut déjà y voir des signes qui figurent des hommes souffrants, et des parasites logeant dans les intestins, de même que des renseignements sur les maladies affectant la tête, les oreilles, les yeux et les pieds. Ce sont là les premières traces laissées par la médecine dans l’histoire chinoise.

A l’époque des Zhou de l’ouest (entre le IXème et VIIIème siècle av.J.-C.), le nombre de documents sur la médecine s’étaient accrus sensiblement par rapport aux époques précédentes. Dans le fameux classique « Les Rites des Zhou », on lit des descriptions sur le rapport étroit entre les conditions climatiques et la propagation de certaines maladies : le mal de tête se produit le plus souvent au printemps ; la gale et les autres maladies cutanées en été ; la malaria en automne, la bronchite en hiver, etc. On trouve aussi dans le Livre des Odes, premier recueil de poèmes chantés du VIIIème au Vème siècle av. J.-C., des vers qui évoquent la cueillette de plantes médicinales, telles que le plantain, la queue de lion, et l’armoise, pourtant leurs effets thérapeutiques n’ont été expliqués que dans des oeuvres médicales parues par la suite.

A la même époque, en tant que médecin, Bian Que illustra l’histoire de la médecine chinoise par sa définition de quatre méthodes de diagnostic, qui constituent toujours une diagnose courante de nos jours. Ces méthodes sont : l’expectation (observation de l’expression, du teint, de l’induit de la langue et de l’aspect physique du patient), la perception (écouter la voix du patient et flairer l’odeur du corps), l’interrogation (questions sur l’état et l’évolution de la maladie), et la palpation (prise du pouls de manière à en connaître la cadence et la force). La haute compétence, la modestie et la serviabilité valurent à Bian Que une grande popularité. Par conséquent, l’expression “c’est un Bian Que vivant" est restée pour faire la louange d’un médecin.

Entre le VIIIème et le IIIème siècle av. J.-C., à l’époque des Printemps et des Automnes et celle des Royaumes Combattants, les sciences, y compris la médecine et la pharmacologie, se développèrent rapidement. Une oeuvre médicale, Traité de médecine interne de l’empereur Jaune vit le jour. Si cette oeuvre porte Huang Di (empereur Jaune) comme nom d’auteur, le Traité de médecine interne fut en fait rédigé par un groupe de médecins de l’époque, qui avaient rassemblé les documents médicaux et les résultats d’expériences acquis de leurs prédécesseurs et contemporains. Après la révision faite entre 221 et 220 av. J.-C., le Traité de médecine interne de l’empereur Jaune devint un chef-d’oeuvre qui tenait la première place parmi les quatre classiques de la médecine traditionnelle chinoise dont les trois autres sont : le Materia Medica, le Traité sur le froid perturbé et le Manuel des prescriptions pour les cas d’urgence. Le Traité de médecine interne, jetant une base essentielle à la théorie médicale, fut répandu plus tard au Japon et en Corée. La médecine chinoise fut présentée en Occident par un missionnaire anonyme français en 1671.

Les ouvrages médicaux légués par les diverses dynasties contiennent de précieuses expériences et de toutes aussi précieuses théories dont les connaissances de base ont été acquises au cours d’une longue pratique médicale.

Selon le Traité de médecine interne, tout comme l’existence de l’univers, l’état de santé de l’homme dépend de l’équilibre du Yin et du Yang, deux parties qui s’opposent et se transmutent à la fois, et de la circulation du Qi, vigueur de l’organisme humain. Le Qi circule à l’intérieur des méridiens (Jing), troncs principaux qui parcourent le corps verticalement, et des vaisseaux (Luo), branches secondaires collatérales et transversales, en transportant les substances nutritives et l’énergie aux divers organes. Pourtant, il ne s’agit là ni du système nerveux ou lymphatique. A cette circulation s’ajoutent aussi les 5 éléments : le métal, le bois, l’eau, le feu et la terre. Ceux-ci correspondent chacun à un viscère : les poumons font partie du métal ; le foie, du bois ; les reins, de l’eau ; le coeur, du feu ; et la rate et l’estomac, de la terre . Une obstruction ou une stase à un endroit quelconque de cette circulation, pourra perturber l’alimentation des organes, qui s’affaiblissent, voire s’affectent, et susciter des manifestations morbides que le médecin doit être capable de déceler, grâce aux quatre méthodes diagnostiques, et intervenir au moyens de médicaments, de l’acupuncture et de la moxibustion, ainsi que le traitement avec pression sur les points, en vue de stimuler les méridiens et les vaisseaux, de dégager enfin les voies, de rétablir la circulation normale, et de régulariser l’équilibre entre le Yin et le Yang.

Rédigée entre le 1er et 2ème siècle, le Materia Medica de Shen Nong , dont le véritable auteur reste toujours inconnu, est le premier traité de pharmacopée chinoise. Sun Simiao (581- 82) apporta une grande contribution à la pharmacologie chinoise par ses deux ouvrages médicaux : Les Précieuses Ordonnances pour les cas d’urgence et Les Précieuses Ordonnances supplémentaires, dans lesquels, Sun Simiao expliquait la quintessence de la médecine et de la pharmacologie chinoise antérieures au VIIème siècle. Il y donnait entre autres des précisions sur les saisons de la récolte des plantes médicinales et les diverses préparations. D’après lui, pour obtenir les meilleurs effets thérapeutiques des médicaments, il fallait tenir compte du lieu et de la saison de la cueillette, ainsi que des conditions climatiques et géographiques. Dans ses livres, il enregistra un certain nombre de plantes omises par ses prédécesseurs, et rectifia les erreurs qu’il avait relevées dans d’autres documents médicaux. Cette contribution lui valut le titre de “Roi des Médicaments".

En ce qui concerne les substances utilisées comme médicaments, on se sert non seulement de végétaux, mais aussi d’organes d’animaux, d’insectes, et de minéraux. En fonction de leur usage et dosage, les médicaments sont préparés sous des formes différentes:

La décoction, dont l’usage remonte à plus de 3000 ans, présente plusieurs avantages : la désinfection, la meilleure dissolution de principes médicamenteux, l’atténuation de la toxicité et des effets secondaires et la préparation facile notamment lorsqu’il s’agit de plusieurs ingrédients.

Les pilules, façonnées avec du miel ou de la purée de jujube comme liant, sont faciles à ingérer, et dépourvus de goût désagréable.

Les granules, faciles à conserver et transporter peuvent être avalés sans difficulté.

Les poudres médicamenteuses sont à usage interne ou externe, quelque fis pour les deux. On peut les délayer avec de l’eau ou de l’alcool, afin d’obtenir une infusion pour l’usage interne, ou une pâte pour l’usage externe.

Du fait que les emplâtres sont économiques, commodes et faciles à appliquer, ils se diversifient et se répandent depuis le Xème siècle. Chaque type a une vertu spécifique : certains sont affectés au soulagement de la douleur provoquée par un traumatisme et à la dissolution de la stase, d’autres sont réservés à l’évacuation du pus des abcès et des furoncles ; d’autres aident la guérison des plaies ; d’autres encore soignent des maux internes.

A tous ceux-ci se joignent, au fur et à mesure, des médicaments en particules, sirops, suppositoires, lotion, comprimés, etc.

Aujourd’hui, avec les moyens de fabrication modernes, les ingrédients d’un grand nombre de médicaments chinois ont été recomposés et par l’extraction des principes curatifs, on a réussi à confectionner la capsule, les médicaments membraniformes et en injection intramusculaire et intraveineuse. Suivant le principe de combiner la médecine chinoise à la médecine occidentale, une quantité de mixtures composées de médicaments chinois et occidentaux ont été mis à jour, et leurs effets thérapeutiques se sont considérablement améliorés.