En fonction du thème, les peintures chinoises se regroupent en plusieurs genres, parmi lesquels, on voit le plus souvent la peinture de paysage, personnages, fleurs, oiseaux, poissons ou insectes.
La peinture chinoise ancienne, dont l’histoire nous est connue surtout à partir des HAN (206 av.J.-C - 20av.J.-C), période florissante dans le domaine artistique, avait laissé cependant peu d’oeuvres peintes. On ne peut se représenter la peinture de cette époque qu’a travers les figures stylisées sur pierre ou sur brique, et de nombreux textes descriptifs. D’après ces derniers, on faisait peindre, au cours de cette époque, le portait des fonctionnaires de mérite, ou on utilisait la peinture pour louer la vertu de tel ou tel personnage. Ainsi était apparue la peinture de personnages. De celle-ci, sous les dynasties des WEI et des JIN (220 à 439), avait dérivé ce qu’on appelait la “peinture de beauté" qui connaîtra une période florissante sous les TANG (619 à 907).
Bien que la peinture de paysage existait déjà vers le IVème siècle, elle n’arriva à se libérer du statut de “toiles de fond" et à se rendre indépendante qu’au VIIIème siècle. La dynastie des YUAN (1279 à 1368) a marqué un tournant dans la peinture de paysage, qui domine à partir de cette époque toute la peinture chinoise et constitue le centre de la création et de la réflexion plastique jusqu’au milieu du 20e siècle.
La peinture de paysage est une brillante réussite de l’art pictural chinois, c’est aussi un trésor culturel qui témoigne du caractère de la peinture chinoise et de son mode d’appréhension du monde. Grâce à la prospérité de la peinture de paysage, les artistes ont pu développer une sensibilité aigue et fine de la nature, et accumuler d’innombrables expériences.
Quant à la peinture de la nature (fleurs, oiseaux, poissons et insectes), qui en tant que genre indépendant atteignit sa maturité durant le Xème siècle. Nombreux parmi les peintres de ce genre étaient des artistes de la Cour et c’est principalement sous le patronage impérial que cet art, destiné à reproduire la beauté de la nature, connut son épanouissement.
Le but de la peinture chinoise n’est pas seulement de reprendre un objet, mais de peindre son essence et de traduire son esprit, elle devait être capable de diffuser un ensemble de valeurs et une morale gouvernant les relations humaines. Cette tradition “réaliste" et édifiante s’est maintenue tout au long de l’histoire chinoise, en dépit des tendances ultérieures du taoïsme ou du bouddhisme.
La peinture chinoise se divise en général en deux styles différents : le style libre et le style minutieux. Le premier se retrouve dans les oeuvres à grand coup de pinceau, et utilise un langage simple pour exprimer le message et les intentions du peintre, au lieu de décrire des apparences.
La peinture de style minutieux se distingue par ses contours tracés avec finesse, sa subtilité, et ses couleurs superposées. Elle représente surtout des fleurs, des oiseaux et la nature. La peinture chinoise, qui a une conception originale de la composition, possède une science de la perspective qui lui est propre. Etant longtemps conscients de ce que l’on appelle la “perspective fixe" pour désigner les règles de la perspective si importantes dans l’histoire de la peinture occidentale, les peintres chinois cherchaient à se libérer des restrictions de l’espace par la “perspective mouvante" ou “les points dispersés de la perspective". Etant donné que la perception visuelle d’un objet est évidemment relative à la distance, et que l’art est une interprétation de la réalité, au lieu d’être une reproduction mécanique de celle-ci, les objets sont déformés de toute manière par la vision humaine. La perspective mouvante permet donc à l’artiste d’incorporer un plus grand espace.
Une autre originalité de la peinture chinoise est l’utilisation du vide (espace non peint). Les peintures suppriment ce qui est contingent afin de mettre en valeur certains aspects seulement. Et le vide pourra créer, dans la peinture de paysage, une aération qui animera la nature par son souffle, et fera ressortir le sujet dans d’autres genres de peinture.
La couleur a un rôle essentiel dans la réussite d’une oeuvre. La peinture chinoise la plus ancienne valorisait la richesse des couleurs, cela s’appelait le Dan Qing (rouge et vert). Cependant, dès le Vème siècle, le style du lavis monochrome se généralisa. En opérant à partir de l’encre des gradations d’intensité, on peut réaliser une multiplicité d’effets, purifier et simplifier la couleur. On distingue, à l’intérieur de l’encre noire, six espèces différentes, considérées comme des couleurs indépendantes : sèche, légère, blanche, mouillée, épaisse, noire.
D’après des documents antérieurs au VIIIème siècle, on peut remarquer que l’emploi de l’encre était apparu plus tardivement que celui de la couleur. Mais il progressait en même temps que la peinture de paysage, en donnant à la peinture chinoise un caractère national tout à fait particulier.
Si la peinture chinoise, à son apogée, à l’époque des SONG (960 à 1127) et des YUAN (1279 à 1368), avait privilégié l’encre au détriment des couleurs, c’est parce que l’encre, par ses contrastes internes, semble suffisamment riche pour exprimer les infinies nuances de la nature, et se combinant avec l’art du trait, elle offre cette unité qui résout la contradiction entre le dessin et les couleurs, entre la représentation du volume et le rythme du souffle.
La forme dans la peinture chinoise est définie par le trait dont le développement est étroitement lié à celui de la calligraphie. Les artistes se sont longtemps préoccupés de la nature du trait. Ensuite, les matériaux (papier, soie, pinceau et encre) ont dicté la forme. En littérature et en art, l’esthétique chinoise plaide en faveur de la simplicité. L’écriture doit être concise et synthétique, la peinture exécutée simplement et remplie des significations.
Le langage le plus concis en peinture est le trait, qui, à travers une période de développement, n’avait plus été une ligne sans relief, ni un simple contour de forme, il est devenu à la fois forme et teinte, volume et rythme, impliquant la densité fondée sur l’économie de moyens et la totalité qui englobe les pulsions même de l’homme. En un mot, le trait est omniprésent dans la peinture chinoise. Même dans le point il préexiste, car le point est un trait virtuel.
Les pans d’un rocher peuvent être indiqués par de nombreux traits tracés grossièrement. Les franges d’un habit, les feuilles d’une plante, les plumes d’un oiseau, tout cela se définit par le trait. Même dans le Mo Gu Fa (méthode sans ossature) où la forme est exprimée sans tracer les contours, pourtant le peinture doit rester conscient de leur existence dès le début. Cependant, le trait est d’avantage un moyen plus qu’une fin. Dans une oeuvre achevée, le trait doit être invisible. Cela exige une technique hautement élaborée. Le processus qui conduit de la naissance du trait à sa disparition est le même qui mène de la conception de l’oeuvre à son achèvement.