Gugé est un site archéologique situé dans la vallée de Khyunglung, dans le désert de l'ouest tibétain à environ 1100 km de Lhassa, non loin du mont sacré Kailash. On y trouve, en particulier, des fresques bouddhistes remarquables. Il fit de 700 à 1630 partie d' une cité-état, le royaume de Gugé, qui abrita une civilisation brillante et fut l'une des sources de la renaissance bouddhiste au Tibet.
Son territoire comprenait les vallées du Zanskar, du Kinnaur supérieur, du Lahul et du Spiti, actuellement en territoire indien (Himachal Pradesh). Ses capitales étaient Tholing et Tsaparang. Il fut fondé par un petit-fils du roi Langdarma (803-841), dernier souverain de la dynastie Yarlung des rois tibétains. Deux de ses frères fondèrent à la même période Mar-yul (le Ladakh actuel) et Pu-hrang. Au début du XIe siècle, le fils aîné du roi de Gugé, Kor-re ou Byang-Chub Yeshe Ö, se fit moine, abandonnant la direction de l'État à son cadet Srong-nge. Il invita en 1040 le sage bengali Atisha, initiant la seconde introduction du bouddhisme au Tibet (phyi-dar).
Les premiers Européens à visiter Gugé furent, en 1626, le missionnaire jésuite Antonio del Andrade et son frère Manuel Marques, qui y auraient vu des terres fertiles irriguées par des canaux. Del Andrade fut autorisé à ouvrir une chapelle à Tsaparang et à y entreprendre la prédication. Ce fut peut-être le commencement de la fin pour Gugé. En effet, bien que les raisons de sa disparition n'aient pas été totalement éclaircies, la plus probable est son attaque par une armée ladakhi appelée par les autorités bouddhistes, dont le frère - et principal rival - du roi, pour le renverser car il s'était converti avec sa femme au christianisme. En effet, vers cette même période, le roi du Ladakh Sengge Namgyal (1616-1642) s'efforçait d'étendre son territoire pour résister aux Moghols et prit possession des vallées du Zanskar et du Spiti. La région tomba avec l'ensemble du Ladakh sous le contrôle du Cachemire à la fin du XVIIe siècle.
Les missions jésuites oubliées, Gugé fut redécouvert par le monde archéologique occidental dans les années trente grâce aux expéditions de l'Italien Giuseppe Tucci. On peut connaître par ses travaux et ceux de Anagarika Govinda l'aspect qu'avaient les constructions avant la révolution culturelle, qui occasionna des destructions, en particulier de statues. Le site fut réhabilité à partir de 1969 pour permettre le développement du tourisme.