Le Nouvel An est la plus importante des fêtes populaires du Tibet. Dans la langue tibétaine, on appelle le nouvel an « Luosa ». Dans les anciens temps du calendrier tibétain, on considérait le mûrissage ou la récolte du blé comme le début de l'année, c'était alors dans les saisons de l'été ou de l'automne. Aujourd'hui, dans la plupart des régions tibétaines, le 1er janvier du calendrier tibétain est considéré comme le jour de l'An. Cette année, le 14 février du calendrier grégorien est le premier jour du Nouvel An du calendrier tibétain.
La veille au soir du Nouvel An, tous les membres de la famille s'attablent pour le réveillon, un repas copieux composé entre autres de viande séchée, de crème de lait, de fruits et d'une soupe aux boulettes. Dans ces petites boules, on met exprès lors de la préparation un fil de laine, un petit morceau de charbon de bois, une fève ou du piment, qui symbolisent respectivement la bienveillance, la méchanceté, la ruse et le courage. Le dîner provoque un éclat de rire lorsqu'un convive tombe sur une boulette ainsi farcie.
Le premier jour du Nouvel An du calendrier tibétain, le maître de la maison se réveille et se lève à l'aube. Bravant le froid glacial et portant à la palanche deux seaux, il va jusqu'au bord de la rivière pour chercher de l'eau et l'emporter jusqu'à la maison. L'eau du premier seau est appelée « eau d'or » et celle du deuxième seau appelée « eau potable ». Cette eau est considérée portant bonheur aux personnes et aux animaux qui la boivent. Au moment du lever du soleil dans la région de Lhassa, les membres de la famille, portant leurs plus beaux habits, commencent, dans l'ordre des générations et de l'âge, à manger les aliments consacrés spécialement à la fête. A ce moment-là, les voisins vont de porte à porte portant le Qima (boisseaux remplis des cinq principaux céréales), porte le toast avec le qingkejiu (alcool à base d'orge tibétaine) en signe de vœu, présentent le hada (pièce de soie qu'on offre à un hôte distingué) et récitent à haute voix : « Zhaxi Dele ! » (Puisse votre bonne étoile vous illuminer ! ».
Ensuite, tout le monde rentre chez soi, ferme la porte d'entrée de la maison et on se réunit en famille. Ce n'est alors plus le moment de se rendre visite. Le Jour de l'An, nombreux sont les paysans et les pasteurs tibétains croyant au bouddhisme qui se rendent au Temple Jokhang de Lhassa pour faire la prière devant la statue du Bouddha en implorant paix, tranquillité et santé pour la nouvelle année. Au deuxième jour de l'An, toutes les grandes et petites rues de la ville s'animent et sont remplies de gens joyeux faisant des visites à des parents ou à des amis. Dès qu'on entend « Luosa (Nouvel An) Zhaxi Dele ! », chacun lève d'un seul mouvement et comme un seul homme son boisseau à cinq céréales pour souhaiter bonheur, prospérité et santé dans la nouvelle année.
C'est également le moment propice à chacun pour faire étalage de sa fortune et de sa richesse. Beaucoup de Tibétains profitent de cette occasion pour porter leur longue tunique en peau de loutre somptueuse et à la tibétaine, qu'ils conservent chez eux précieusement et ne mettent qu'à de grands moments, alors que d'autres s'habillent avec soin et portent sur eux tous les bijoux, les joyaux et les pierres précieuses qu'ils possèdent.
Le troisième jour de l'An, on voit au dessus du toit de toutes les maisons une épaisse fumée due au brûlage de feuilles de mûriers. Beaucoup de jeunes enfoncent sur le toit des maisons et au sommet des montagnes une grande quantité de drapeaux bouddhiques invoquant par là la chance et le bonheur. Dans les vastes régions agricoles et pastorales, il y est tenu diverses activités de divertissement : le rite religieux de la pose de bât sur le dos de chevaux, course de chevaux, jeu de traction à la corde, lancement de poids, ‿etc. Les réjouissances de nouvel An dureront jusqu'au 15 du premier mois du calendrier tibétain.