Au pays du coton et de l'indigotier, les jeux du bleu et du blanc sont infinis. Les Bai (nom d'une minorité ethnique) de Dali et les Buyi du Guizhou du S. perpétuent une technique de réserve qui ne doit rien à la cire et tout à la dextérité des couturières. Les motifs sont tracés sur la pièce à teindre à la craie. Le tissu est ensuite pilé en plusieurs épaisseurs à l'emplacement du tracé. Ces parties, destinée à ne pas être teintes, sont fixées par un faufil passé à l'aiguille. Le réseau des piqûres est si dense que l'étoffe ressemble à un ballot. Elle est alors plongée dans le bain de teinture, jusqu'ÿdix fois. Les coutures, vérifiées entre chaque bain, sont resserrrées, le cas échéant, pour préserver les motifs en réserve. Lorsque le bleu obtenu est satisfaisant, la couleur est fixée à la chaux. Une fois le tissu sec, le faufil sera dénoué point par point, dévoilant le dessin resté blanc. Ce procédé, appelé jiaoxie, fut sans doute emprunté aux Chinois sous les Tang (618-907). Il était alors très en vogue à la cour. Des fragments d'étoffe ornée selon cette technique ont même été découverts dans les tombes du VIIe siècle du cimetière d'Astana, à Turfan, ville étape importante sur les routes de la soie.