L’acrobatie chinoise remonte à plus de 2000 ans. Elle est d’origine populaire, étroitement liée à divers aspects de la vie courante, comme la production, le combat et les cérémonies religieuses. Les accessoires utilisés dans beaucoup de numéros traditionnels sont soit des instruments de travail, des armes ou des ustensiles courants. Certains numéros s’inspirent de jeux et de sports populaires.
Le numéro connu le plus ancien date de la période néolithique et s’exerce encore aujourd’hui. Il consiste à jongler avec une “planche volante". A l’époque néolithique, les chasseurs des tribus primitives se servaient d’un instrument de chasse auquel les archéologues ont donné le nom de “boomerang". Lorsqu’ils avaient repéré des oiseaux ou des bêtes, les chasseurs lançaient leur boomerang qui volait vers la cible en tournoyant. S’il manquait la cible, le boomerang retournait spontanément dans les mains du chasseur qui le lançait de nouveau. Le boomerang est devenu par la suite un accessoire acrobatique. Au cours des représentations, le jongleur peut envoyer trois, cinq et même huit boomerangs et les recevoir alternativement sur une partie donnée de son corps.
L’acrobatie devint progressivement un art scénique indépendant aux époques des Hégémons et des Royaumes combattants. Sous la dynastie des Han elle devint un art de divertissement relativement complet, ce qui est illustré par les sculptures sur pierre, sur brique et les fresques découvertes dans les tombeaux de cette dynastie, excavés dans les provinces du Sichuan et du Liaoning.
La dynastie des Song vit l’apparition du « Washe », ancêtre du cirque moderne.
Le Washe était une pratique qui consistait, dans les villes animées, à des endroits fixes, à accrocher des tentures en cercle où les spectateurs se réunissaient pour admirer des numéros.
Sous les dynasties Ming et Qing (1368 à 1911), l’acrobatie revêtit un caractère différent. Elle s’inspira des meilleurs éléments de toutes les minorités nationales et présenta une grande variété de numéros. La force et la complexité se l’emportèrent sur la finesse. En même temps, l’acrobatie s’infiltra dans d’autres arts comme l’opéra de Pékin par exemple.
Depuis l’avènement de la Chine nouvelle en 1949, l’acrobatie chinoise connaît un regain de vie et est devenue un véritable art scénique.
Les acrobates ont recherché, recueilli et transformé les numéros traditionnels en supprimant les éléments dangereux pour les artistes et les mouvements trop sensationnels et/ou vulgaires. Ils ont apporté des améliorations aux programmes traditionnels en y associant des rythmes de danse et la plastique de la gymnastique. Par exemple, l’exercice d’équilibre sur la corde fut transformé en acrobatie sur câble d’acier, ce qui permet de mieux mettre en valeur la difficulté et le danger que représente le numéro ainsi que l’habileté qu’il requiert. A partir du « Numéro des Cinq tables » qui consistait en exercices accomplis sur cinq tables superposées, on représente aujourd’hui des numéros collectifs comme « La pyramide de chaises » et « La Double pyramide de chaises », numéro extrêmement complexe, périlleux et spectaculaire, puisqu’on exécute des exercices sur des chaises superposées obliquement sur 7 ou 10 étages.
Dans le numéro des « Assiettes tournantes », un seul acteur peut manier 12 à 14 assiettes tout en faisant des sauts périlleux, alors que le nombre des assiettes n’était que de 4 ou 6 auparavant.
Par ailleurs, les artistes ont mis au point nombre de nouveaux numéros, entre autre : la danse des lions, les tapis Tournants, le Tour de stabilisation cycliste, etc.
La Traversée de cerceaux consiste à se glisser avec adresse et à la file indienne à travers des cercles dont le diamètre permet l’entrée du corps de l’acrobate de différentes façons. L’art plastique du roulement avec des coupes exige des mouvements très souples du torse, des pieds et de la tête.
Une pile de 13 coupes contenant de l’eau sur le front, couchée à plat ventre, l’acrobate roule avec aisance sur une plate-forme avec deux “pagodes" de 4 coupes chacune remplie eau sur les plantes des pieds et une “pagode" de 4 coupes dans une main.
L’équilibre des bancs est un autre nouveau numéro. Sur les pieds de l’acrobate couché sur le dos, neuf bancs s’empilent les uns sur les autres selon de multiples combinaisons, et pour couronner le tout, un deuxième acrobate grimpe au sommet de la pyramide où il exécute divers tours.
Grâce à tous ces efforts, les sujets de représentation sont devenus plus variés et le niveau plus élevé. L’acrobatie est progressivement devenue un art scénique composé, harmonieux et unifié.
La première troupe d’acrobatie nationale, La Troupe d’acrobatie de Chine, fut créée en 1950. Peu après, des troupes se sont successivement créées au niveau des provinces et des municipalités. En dehors de ces troupes d’acrobatie professionnelle, celles d’acrobates amateurs sont aussi très répandues. En outre, les acrobates chinois ont leur propre organisation, l’association des acrobates chinois, établie en 1981 et dont Xia Juhua en est la présidente.
L’acrobatie chinoise se distingue aussi bien par ses techniques très difficiles que par l’exécution subtile et la composition ingénieuse des numéros, dont chaque type exprime le caractère de notre nation chinoise, laborieuse, intelligente et courageuse. C’est pourquoi, au lieu de péricliter, l’acrobatie chinoise n’a cessé de se développer depuis plus de 20 siècles et qu’elle est hautement appréciée par les peuples de nombreux pays.