Architecture

L’architecture chinoise traditionnelle suit presque toujours un même schéma : il existe d’abord une terrasse en terre battue, à revêtement de pierres ou de luminosité à l’intérieur des bâtiments.

La structure proprement dite est briques, puis s’élèvent là-dessus des colonnes en bois vernissées, lesquelles sont reliées entre elles, à leur sommet, par des poutres qui les traversent de part en part pour les fixer, et supporter la charpente. Une charpente réalisée de poutrelles superposées et pannes, sur lesquelles sont posés les chevrons, l’ensemble formant deux pentes laissant s’écouler l’eau de pluie, comme dans la plupart des constructions dans le monde.

La toiture peut avoir les bords relevés vers le ciel, et elle possède, pour soutenir des auvents, un système de corbeaux à plusieurs bras appelé “Dougong" en chinois (système développé surtout depuis l’époque Han de l’est, 25 à 220). Ce montage assez particulier ne recourt pas à l’utilisation de clous pour assembler ses petites pièces en bois : tout est chevillé.

Ce système qui supporte les bords du toit en saillie, avec la technique ci-dessus mentionnée qui pourrait remonter à presque plus de deux mille ans dans l’histoire de la Chine, a l’avantage de donner à l’architecture chinoise une allure allégée, esthétiquement intéressante, et une meilleure principalement en bois, revêtue en quelque sorte de briques et de tuiles. Cela est typique de l’architecture chinoise traditionnelle. Il est à signaler que, ce type de construction résiste assez bien aux séismes, mais craint beaucoup l’incendie.

D’ailleurs, c’est partiellement pour cette raison que de nombreux édifices de la Chine antique n’ont malheureusement pas subsisté jusqu’ à  nos jours.

Cependant, cette structure a pu donner libre cours à l’esprit créateur des architectes chinois pour la conception de la toiture, partie importante de leurs constructions traditionnelles. Ainsi le toit des maisons chinoises peut former deux pans, quatre pans, et les auvents peuvent être constitué de couches superposées pour donner naissance à une très belle “toiture à doubles auvents" propre à la Chine. Les toits en forme conique et les coupoles existent aussi.

A part la voûte, qui est assez peu employée par rapport aux autres formes, on trouve toutes sortes de toitures dans l’architecture en Chine. Ces toitures dont les profils sont si variés et font penser tout de suite à des “pavillons��? sont parmi les quelques particularités les plus importantes des édifices de la Chine antique. On pourrait même dire qu’elles sont presque devenues un symbole de l’image de ce genre de constructions.

Quant aux tuiles qui couvrent les toits de ces maisons, on peut constater qu’elles sont en général grises, du fait qu’elles sont peu cuites. D’autres couleurs sont assez rares. Pourtant, pour les constructions les plus importantes, les palais impériaux par exemple, les tuiles vernissées et colorées sont très souvent employées : en jaune pour la famille impériale, en bleu ou vert pour les édifices religieux, etc. Ces couleurs marque en réalité une classification de l’importance des bâtiments chinois, et leur rôle social. Sur la toiture de ces constructions traditionnelles, au bout des rangées de tuiles placées de façon convexe, il peut exister un type de tuiles bien intéressant : une espèce de tuiles décoratives, que l’on nomme “Wadang" souvent gravées de très beaux motifs. Ces tuiles sont conçues et disposées pour empêcher les autres tuiles de glisser vers le bas.

Des deux côtés du faîte ainsi que sur les arêtiers, des statuettes d’animaux légendaires en terre cuite peuvent être disposées. Au bout de ces arêtiers se trouve une gueule de dragon « Dawen » ou “Wenshou" en chinois. Il s’agit cependant d’un animal méconnaissable aux formes bizarres, qui ressemble à un dragon et que certains considèrent toujours comme un dragon. Il provient en réalité d’un autre animal qui vivrait dans la mer et que le dragon n’a replacé que vers l’époque mongole aux environs du XIIIème siècle, tandis que cette tradition avait déjà commencé à exister même avant les époques Sui et Tang. Le nombre de tous ces animaux légendaires sur les arêtiers, y compris “la gueule de dragon" peut varier selon l’importance du bâtiment : neuf, sept, cinq, ou trois. Plus le chiffre est élevé, plus l’édifice est important. Depuis les Qing, leur nombre est toujours impair.

Les murs de ces constructions sont généralement en briques grisâtres comme les tuiles, assez solides. L’utilisation des briques rouges que l’on trouve partout actuellement est plutôt récente, traditionnellement, les briques rouges n’étaient pas très employées chez les chinois. Ces briques de couleur sombre, mais souvent bien travaillées, peuvent constituer des murs assez épais dans le nord, ou des murs qui sont blanchis à la chaux, surtout dans le sud de la Chine. A la différence des châteaux et des églises en Occident, ici, les murs ne sont guère porteurs : la construction étant supportée par les colonnes. Pour les constructeurs chinois, ces murs sont plutôt conçus comme des séparations. Ainsi l’explique un dicton en Chine : “L’édifice subsistera même si les murs s’écroulent.

Il existe, en plus de cela, une autre particularité en ce qui concerne le plan d’un grand ensemble de toutes ces constructions chinoises : Elles sont toujours disposées selon un axe central, traditionnellement dirigé nord-sud. La plupart des habitations chinoises ont portes et fenêtres qui donnent sur le sud pour mieux recevoir le soleil, et toujours sur cet axe, au moins groupées autour de lui. En fait, les architectes chinois mettent de préférence leurs bâtiments principaux au milieu, et les annexes sur les côtés. Tout est aménagé suivant un certain ordre, qu’il s’agisse des maisons des gens simples ou du Palais impérial. La raison qui explique ce phénomène pourrait être le souci de l’ordre féodal de l’ancienne société chinoise et l’amour de la stabilité. Confucius a dit : “Que l’empereur reste empereur, que les ministres restent ministres, les parents parents, et les fils fils” ce qui expliquerait pourquoi aux yeux des chinois, l’ordre des choses est à respecter, que ce soit pour la structure relativement simple des maisons indépendantes, ou pour le plan des constructions grandioses.

L’unité essentielle d’un grand ensemble architectural en Chine est la cour : murée, très fermée, entourée des maisons qui tournent le dos à l’extérieur. Et plusieurs cours peuvent constituer une suite de constructions: la cour principale au centre, toujours sur cet axe nord-sud, tandis que les autres sont devant, derrière, ou à côté d’elle, selon leur utilité et leur importance. L’exemple type est ce que l’on appelle “les enclos pékinois entourés de maisons" où tout est en parfaite symétrie: la maison principale, avec les deux petites pièces accolées à ses deux côtés, se situe juste au milieu, et c’est là où habitent les parents ou les grands-parents qui sont les plus respectés dans une grande famille chinoise. Il existe ensuite, à l’est et à l’ouest, deux maisons latérales parfois liées à la principale par des galeries, et ces bâtiments de côté, moins importants, ont la fonction d’y abriter des générations plus jeunes. La cour à souvent une allée en forme de croix au lieu des sentiers sinueux comme on en trouve dans des jardins chinois, en plus elle est de lignes bien droites.

Au centre de cette cour, il peut y avoir comme décoration une espèce de treille, sous laquelle est placée une grande jarre pleine d’eau limpide, où nagent des poissons rouges. Cette cour de base, d’une beauté déjà bien symétrique, est souvent suivie d’autres cours aussi symétriques qu’elle, et cet ensemble fort ordonné protège jalousement la vie privée des chinois, grâce aux murs de clôture et à l’utilisation d’un mur écran à l’entrée.

Remarquons enfin que dans le domaine de l’architecture, les constructeurs chinois comptent leurs bâtiments en “travées" au lieu de “pièces" au sens occidental. Une maison peut avoir plusieurs “travées" tandis qu’elle ne possède fort probablement qu’une seule pièce. Et d’une façon générale, rappelons que les maisons traditionnelles du nord de la Chine peuvent être relativement petites, puisqu’en hiver elles doivent conserver la chaleur le mieux possible, alors que celles du sud sont assez grandes, pour que l’air y circule bien.

Plan symétrique avec axialité, structure essentiellement en bois et en briques sur une terrasse, voilà ce qu’on pourrait conclure de cette architecture très ancienne. Non seulement elle est un art, mais aussi une philosophie qui représente la Chine traditionnelle, à travers laquelle on comprend mieux la Chine au présent.